Exposition du 30 octobre 2021 au 9 janvier 2022
Vernissage samedi 6 novembre 18h00-20h30
« On ne voit que ce qu’on a appris à voir »
Philippe DESCOLA
Leslie SEARLES est une artiste photographe péruvienne engagée.
Dans sa série « Qui a mis le feu ? » elle nous livre des images saisissantes prises au fil de ses missions humanitaires et déambulations qui interrogent ses racines amérindiennes au plus près des laissés-pour-compte qui en sont les dignes héritiers.
Images totémiques qui révèlent la perte de la connaturalité dynamique qui existait entre les humains et leur milieu.
Une approche esthétique inclusive dont Nicolas Bourriaud nous précise : « qu’elle appelle à un apprentissage du regard, enfin décentrée, enfin replacé dans un univers plurivoque incluant les non-humains ».
La photographe sait à merveille retranscrire par son geste artistique ce temps « suspendu » que nous vivons. Cette période de perte de repères – qui s’exprime à sa manière aux quatre coins du monde – qu’il nous faut traverser si nous voulons recomposer la société, et nos imaginaires, après la crise de la Covid 19 qui a servi de révélateur pour à mettre à jour des plaies plus profondes engendrées par les effets conjugués de l’anthropocène et du capitalocène.
L’ange est en feu, il bat des ailes et il nous alerte.
Ange dénonciateur. Du fin fond de la forêt amazonienne ou des contrées rurales de Cuba il nous ouvre les yeux sur un monde en décomposition pour mieux le décrire mais aussi pour nous aider à le sauver. Il déplore le délitement des « compositions des mondes » dont l’animisme dans cette région du monde en était l’un des piliers. Il suggère de nous retourner en priorité vers nos racines, au plus profond de nos cultures ancestrales, afin de recomposer nos croyances et les nouveaux modes de vies qui en découleront.
Ange rédempteur. Il nous offre un corpus d’images d’une beauté fulgurante et nous dit qu’il y a peut-être quelque chose à faire par l’art, et avec l’art, pour répondre à cette crise de la sensibilité au vivant et retisser du lien. Il nous souffle à l’oreille que pour essayer de penser les mondes que nous voulons recomposer les images peuvent nous y aider et l’art peut être une clef pour le façonner.
Ange déchu, compañero. Par le biais de son double regard d’artiste et de militante humaniste Leslie SEARLES s’incarne en cet ange qui agite ses ailes flamboyantes. Elle suspend le temps, elle nous questionne et essaye de trouver des issues salvatrices : « Qui a mis le feu ? »
Patric CLANET
Commissaire de l’exposition