Exposition du 18 mars au 23 avril 2017
Province de Phnom Penh, Cambodge
Depuis 1997, le Cambodge a été un El Dorado pour la délocalisation de nombreuses productions textiles.
De nombreuses marques connues ont été attirées par la main d’oeuvre bon marcher. Le Cambodge connaît depuis cette période une grande vague de migration des provinces vers la capitale à la recherche d’emploi.
Le 24 avril 2013 à Dacca au Bengladesh, l’usine Rana Plaza s’effondre. Une catastrophe qui a officiellement coûté la vie à 1 135 ouvriers.
À la suite de cette « mauvaise publicité », de nombreuses marques ont décidé de déplacer leur production au Cambodge qui bénéficiait d’une bien meilleure image concernant le droit du travail auprès de la communauté internationale.
Fin décembre 2013, une manifestation non organisée commence dans le nord de la province de Phnom Penh.
Les travailleurs, puis les organisations syndicales se sont déployés dans l’espace public pour demander une réévaluation des salaires et exiger des entreprises le respect des accords signés sur les conditions de travail. Après quelques jours, le gouvernement envoie l’armée qui tire sur la foule sans sommation faisant plusieurs morts et de nombreux blessés,
Les chiffres varient du simple au triple selon les sources…
Un an plus tard, avec l’aide précieuse de la Cambodian Labor Confederation et de Yann Defond en traducteur, je me suis rendu au cœur des quartiers ouvriers de Phnom Penh.
Pour réaliser les portraits de ceux qui se battent encore pour les droits humains et du travail dans ce contexte de mondialisation des productions et des échanges.
Au Cambodge les industries du textile emploient aujourd’hui près de 700 000 personnes.
J’ai fait le choix d’utiliser ces portraits pour mettre en avant les figures de ce combat de terrain, quotidien et de détourner l’esthétique publicitaire utilisé par de nombreuses marques employant ces hommes et ses femmes (H & M, Puma, GAP…). Ces portraits sont donc transformés en affiche publicitaire mettant en avant les travailleurs et non des modes ! Les destinées à faire la promotion des vêtements manufacturés MADE IN CAMBODIA.
Ce travail met également en perspective notre usage des images, la manière dont nous les lisons et les consommons.
Ces posters ont été affichés dans de nombreux lieux en France, dans l’espace public, recouvrant des espaces destinés aux publicités (festival USIMAGE à Creil avec l’association Diaphane – pendant le festival des Rencontres d’Arles…)
Pour la première fois à la galerie HASY, ce travail donne lieu à une exposition qui présentera :
Les affiches, les photographies de reportage prises pendant les manifestations en janvier 2014, le film photographique issu de l’interview de l’une des plus anciennes ouvrières qui a débuté dans les usines en 97 et les images documentaires des conditions de vie dans les quartiers ouvriers de Phnom Penh.
Les ventes réalisées durant l’exposition serviront à prolonger le travail et à réaliser en 2018 un travail collaboratif dans les cités ouvrières.
Nicolas Havette tient à remercier chaleureusement Fred Boucher et Adriana Wattel de Diaphane, pôle régional photographique pour leur soutien et d’avoir permis à ce travail de voir le jour la Cambodian Labor Confederation pour son travail sur le terrain et l’aide logistique apportée à la réalisation de ce projet et Yann Defond pour ses traductions et son engagement.
Nicolas Havette est diplômé de l’ENSP Arles en 2006.
Depuis, il est engagé dans l’organisation et création d’événements et de festival autour de la photographie au niveau international en tant que directeur artistique et commissaire indépendant. Il est actuellement directeur de la galerie Le magasin de jouets (Arles), directeur artistique exécutif du Chinese International Photography and Art Festival de Zhengzhou (Chine), directeur artistique de la fondation Manuel Rivera-Ortiz et professeur au Paris College of Art.